Des activistes bloquent l'aéroport des jets privés utilisé par les participants au WEF et exigent que "les riches paient leur dette climatique".
16.01.2023 - Depuis 7h30 ce matin, les militant·es du mouvement mondial "Debt for Climate" bloquent l'arrivée des participant·es au Forum économique mondial (WEF) à l'aéroport de jets privés d'Altenrhein, SG. Ils exigent que les 1% des plus riches représentés à Davos paient pour leur responsabilité dans la dégradation du climat et des dommages écologiques causés par leurs émissions extrêmes, leurs politiques et leurs investissements. Les activistes demandent que les riches paient leur dette climatique par 1) L'annulation inconditionnelle de toutes les dettes extérieures des pays du Sud Global pour permettre une transition juste, et 2) le financement par les polleurs des réparations pour les pertes et dommages qu'ils causent dans les pays les plus touchés par la crise climatique.
Lundi 16 janvier 2023, 12 militant·es bloquent le plus grand aéroport de Suisse orientale, à proximité de l'endroit où débute aujourd'hui le Forum économique mondial. L'action est menée par des membres du mouvement international "Debt For Climate" afin de souligner la
responsabilité des participant•es au WEF dans la crise climatique, dans le cadre de la campagne internationale "Make Them Pay". Le blocus vise à mettre en lumière comment l'élite mondiale, constitutée notamment des banques de développment ainsi que des États et entreprises du Nord Global, sont responsables de l'endettement du Sud Global ainsi que de la crise climatique. Les activistes veulent mettre en valeur les luttes des travailleur·euses et des personnes les plus touchées par la crise climatique, qui elles ne sont pas représentées à Davos.
Debt for Climate is a Global-South-led grassroots movement connecting social and climate justice struggles. It unites labour, indigenous and climate groups from the Global North and South in the shared goal of cancelling the foreign debts of impoverished nations. This demand constitutes a concrete policy for leaving fossil fuels in the ground and financing a just transition.
Debt for Climate est un mouvement radical fondé par le Sud global qui relie les luttes pour la justice sociale et climatique. Il réunit des groupes syndicaux, indigènes et climatiques du Nord et du Sud dans le but commun d'annuler la dette extérieure des nations appauvries. Cette demande constitue une politique concrète pour laisser les combustibles fossiles dans le sol et financer une transition juste.
Le mouvement dénonce le rôle du top 1% dans l'exploitation des pays pauvres et des travailleurs du monde entier, ainsi que celui des multinationales dans la dégradation de l'environnement et les violations des droits humains dans le Sud. Il appelle à mettre fin à la structure antidémocratique de l'économie mondiale symbolisée par le WEF. Debt for Climate souligne l'hypocrisie de l'élite qui survole des glaciers en train de fondre pour discuter de la "Coopération dans un monde fracturé".
"Notre monde ne devrait pas être fracturé entre le Nord et le Sud ; le véritable fossé se situe entre les 1% qui profitent de ce système économique d'exploitation, et le reste d'entre nous qui en subit les conséquences. Par-dessus tout, l'accumulation extrême et l'inégalité qui en résulte conduisent notre planète à une rupture climatique. " – Esteban Servat, activiste argentin.
Annuler la dette des pays du Sud pour permettre une transition juste
Afin d'accélérer la transition énergétique mondiale, Debt for Climate demande l'annulation inconditionnelle de toute la dette extérieure des pays du Sud. Cette demande constitue un premier pas vers des réparations structurelles en faveur des pays les plus touchés par la crise climatique et qui y ont le moins contribué. La dette est la principale forme de néocolonialisme aujourd'hui, obligeant les pays pauvres à continuer à développer leur industrie des combustibles fossiles, alimentant ainsi davantage la crise climatique. Ces dettes sont souvent illégitimes, contractées contre les intérêts des populations locales.
La Suisse occulte souvent sa participation active à l'exploitation du Sud Global. Elle pourrait pourtant utiliser son rôle crucial au sein du FMI afin de suivre les principes suivants qui sont issus de sa propre stratégie:
Principe 5 : La Suisse défend au sein du FMI les intérêts des pays de son groupe de vote et entretient d’étroites relations avec ces pays.
Principe 6: La Suisse reconnaît les besoins particuliers des pays membres les plus pauvres.
Principe 9: La Suisse met l’accent sur la compatibilité de l’évolution économique avec le développement social et l’environnement.
Faites payer les pollueurs
Les 1% les plus riches sont responsables de plus de deux fois les émissions globales de la moitié la plus pauvre de l'humanité. Plus important encore, les investissements de ces 1% alimentent l'exploitation continue et la crise écologique. Grâce à des sommets comme le WEF, ils détiennent le pouvoir politique nécessaire pour bloquer les réponses sérieuses à l'effondrement climatique qui pourrait réduire leurs profits. Les pays du Sud subissent plus de 90 % des coûts et 98 % des décès liés à la crise climatique sous la forme d'incendies, d'inondations, de sécheresses, de famines, de maladies et de déplacements. En raison de cette asymétrie extrême en matière de responsabilité, Debt for Climate demande la mise en place de réparations climatiques sur base du principe de "qui pollue, paie" afin de financer le fonds pour les pertes et dommages des peuples et régions les plus affectées par la crise environnnementale.
"Nous devons mettre fin à la triple injustice: la lutte contre la crise écologique ne peut être payée par ceux qui ont le moins contribué à cette dégradation, qui ont le moins de ressources pour la payer et dont les populations souffriraient le plus d'un détournement des fonds vers cette lutte. Pour cette raison, l'annulation complète et inconditionnelle des dettes des pays économiquement pauvres du Sud est inévitable. Ces dettes ont été contractées principalement par le vandalisme de l'environnement et l'exploitation des personnes. À cela s'ajoute la promotion de la corruption et des despotes dans ces pays par des créanciers tels que la Suisse, qui est connue dans le monde entier comme un bunker secret pour l'argent des états volé, en particulier en Afrique." - Peter Emorinken-Donatus, activiste du Nigeria.
Revendications:
(i) L'annulation inconditionnelle de toutes les dettes extérieures des pays du Sud global.
(ii) Qui pollue, paie : ceux qui polluent le plus paient pour les dommages qu'ils causent.
Conférence de presse:
A Altenrhein, immédiatement après l'expulsion de tou·te·s les activistes de l'aéroport.
Contact pour les demandes des médias:
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